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C. Frentz : Antwort auf G. Barbabianca

Claude Frentz (claude.frentz@internet.lu) schreibt am 15. Juni 05 17:10 :

On ouvre les frontières ?
Réplique à l’argumentaire de G. Barbabianca concernant l’article III-257 (la politique des frontières)

« Lors du sommet de Tampere, en 1999, les chefs d’État européens s’étaient fixé comme objectif la définition d’une politique commune en matière d’asile, et s’étaient engagés à se concentrer pour cela sur la protection au lieu de la dissuasion et à assumer ensemble leurs responsabilités vis-à-vis de ceux qui, ayant fui leur pays, frappent à la porte de l’Europe. Cinq ans plus tard, le projet de constitution européenne reste, sans surprise, dominé par l’obsession sécuritaire et par la logique de l’Europe forteresse qui avait guidé les accords de Schengen et qui prévaut pour les politiques d’asile et d’immigration. De traité en traité, au fur et à mesure que l’Union européenne a ouvert ses frontières intérieures, elle n’a eu de cesse de durcir les contrôles à ses frontières extérieures, en vue d’un contrôle strict des « flux migratoires » et des demandes d’asile.

Le projet de constitution, contrairement à tous les textes relatifs à l’asile et à l’immigration adoptés jusqu’ici, ne comprend aucune disposition conservatoire permettant ou incitant les États membres à faire mieux que les normes minimales définies à l’échelle européenne. Dans les faits, l’harmonisation européenne est alignée sur les législations les plus restrictives et rien ne protège ici les dispositions les plus favorables aux demandeurs d’asile, aux réfugiés et aux immigrants. » [1]

Les conséquences de ces politiques de fermeture des frontières extérieures, d’ailleurs complètement illusoires et énormément coûteuses, sont plus que tragiques, elles sont mortelles ! Selon la documentation du réseau UNITED for intercultural Action, plus de 6200 migrants ont été victime depuis 1993 de la « Forteresse Europe » (Noyés dans la mer, victimes des « mesures de protection » des frontières comme les champs de mines entre la Grèce et la Turquie, brutalité policière, assassinats et disparitions après les « éloignements » ...). Ce chiffre de 6200 représente seulement les cas documentés, le chiffre réel est beaucoup plus élevé. [2]

Je suis frappé par le fait qu’aussi bien des défenseurs du OUI que du NON ne peuvent s’imaginer une Europe ouverte qui s’ouvre aux défis du XXI siècle. « D’ici 2050 l’Europe risque de perdre 60% de sa population actuelle. Ainsi selon un rapport des démographes de la division de la population des Nations Unies, l’Europe, continent viellissant, devrait acceuillir 47 millions d’immigrés pour empècher une diminution de la population tatale, 77 millions pour maintenir l’effectif de la population d’âge actif (15-64 ans) et même 700 Millions pour maintenir le rapport entre la population d’âge actif et les personnes âgées de soixante-cinq ans et plus ... Extravagant, diront certains, mais prévisible.

Pour ceux qui craignent l’invasion, faut-il souligner que les entrées ne sont ni une conquête, ni un déferlement, qu’elles restent modérées (l’immense majorité de la population est stable), que ce ne sont pas les plus pauvres qui partent, comme dans le passé. Ce sont souvent des habitants des villes, assez bien scolarisés, membres de la classe moyenne, dont l’émigration correspond à une envie d’Europe, de modernité, de société de consommation. Ils s’installent dans la mobilité, dans une migration pendulaire faite d’allers et retours et de liens entretenus avec leur pays d’origine.

L’ouverture favorise le mouvement ! On observe bien, à l’intérieur de l’espace européen sans frontières, combien les migrations durables d’un Etat à l’autre sont rares. La politique de fermeture bloque sur place, par crainte de perdre leurs droits (beaucoup de personnes, les sans-papiers n’ont d’ailleurs aucun droit du tout et se font exploiter comme des esclaves modernes) tous ceux qui auraient préféré pratiquer des allers et retours et, à terme, repartir chez eux. Plus fondamentalement, la fermeture alimente la clandestinité et favorise l’établissement, alors que l’ouverture permet la fluidité et la circulation des flux migratoires.

Sous la menace des populistes xénophobes (dans les deux camps !), le contexte ne permet guère de remettre en cause les deux grands grandes catégories d’a priori qui paralysent la majorité de la classe politique, mais comme vous venez de démontrer pas seulement eux, : l’amalgame immigration-criminalité-drogues-islam, et la perception que le temps des grandes migrations est fini en Europe. » [3]

[1] Rosa Moussaoui, L’Europe ferme ses portes, l’Humanité, 22/11/2004

[2] see the death list : www.unitedagainstracism.org.

[3] Catherine Withol de Wenden, directrice de recherche au CNRS-CERI. Extraits du texte : « pour un droit à la mobilité et une démocratisation des frontières » Numéro spécial HOMME & LIBERTES et PANORAMIQUES, Paris, 2001

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