Aktuell Informatioun an Dokumentatioun iwwert d’Verfassungsdébatt zu Lëtzebuerg
 
Newsletter

Abonnieren Sie unseren Newsletter:

Agenda

Wilmes, Robert : Ni oui ni non ?

Le 10 juillet prochain, le peuple souverain est appelé à décider de la future Constitution européenne. Le Premier ministre ayant déjà jeté tout son poids dans la balance, le oui semble acquis d’avance. Ce n’est que la mesure que l’on ignore. Disons d’emblée que le texte de cette Constitution ne fait pas mousser les bières européennes et luxembourgeoises. Dimanche dernier, uniquement 32,44% des Espagnols ont voté par oui. Ce n’est même pas un tiers de l’électorat. Tous les autres ont voté par non, se sont abstenus ou ne se sont même pas déplacés.

Ce résultat prouve de façon éclatante que ce qui préoccupe vraiment les esprits, ce n’est pas la future Constitution, mais les malaises profonds qui se cachent derrière elle et qui sont nombreux, comme par exemple, la qualité européenne des derniers arrivages dans et des nouveaux candidats en route vers l’Union.

Chez les huit nouveaux membres de l’Europe de l’Est, nos valeurs démocratiques traditionnelles sont maintenant gardées par bon nombre de vieux communistes qui ont retourné leur casaque à temps. Après les accolades de bienvenue, les masses peu à peu dégrisées à l’Est ont découvert que leurs pays ne seraient d’abord qu’une zone industrielle pour patrons occidentaux friands de capitalisme à l’ancienne. Et à l’Ouest, le public vient de réaliser que ses chaussettes et caleçons ne coûtent pas moins qu’avant, mais qu’en revanche, il a maintenant le droit de financer les nouvelles autoroutes du « just-in-time » vers les Carpates.

Ces lendemains-là viennent à peine de déchanter, voilà qu’on nous propose de nouveaux partenaires : la Croatie, la Bulgarie, la Roumanie and last but not very much the least,... la Turquie. On comprend que tous ces pays voudraient ouvrir un compte à Bruxelles, mais l’on sait aussi que politiquement leur cœur bat ailleurs.

Pour ce qui est des trois premiers, il faudrait au moins attendre le temps nécessaire pour qu’une véritable tradition démocratique puisse s’installer dans les têtes et pas seulement dans les discours. Tous les doctorats honoris causa, distribués par leurs ambassadeurs dans nos régions, ne peuvent pas boucher notre vue sur les désordres internes immenses. Assistons-les d’abord dans la réalisation de leur société civile marquée par un éclatant déséquilibre social et laissons ce dossier à nos enfants.

Quant à la Turquie, elle n’a jamais été une nation européenne. Elle a pendant des siècles cherché à subjuguer l’Europe centrale et le monde arabe. Refoulée de partout, elle s’est tristement distinguée dans le massacre des Arméniens, l’expulsion des Grecs et la persécution de sa minorité kurde. De pareils reproches peuvent aussi être faits à l’adresse de l’Europe de l’Occident, certes, mais cette Europe-là en a tiré les conséquences et reconnu publiquement ses fautes et ses errements. La Turquie patauge encore dans les siens. Laissons ce dossier à nos petits-enfants.

Voter par non, le 10 juillet prochain, est inutile, parce que le non européen a toujours été minoritaire. Voter par oui pourrait être interprété que le pays est pour la Constitution et l’Europe qu’ils sont en train de nous préparer. Il se pourrait bien que le seul moyen qui reste au citoyen pour marquer son désaccord profond, au sujet des nouvelles candidatures, fût de remettre un bulletin blanc. Quelqu’un a dit qu’on ne pourra pas faire l’Europe contre la volonté des peuples européens. Les référendums organisés au cours de cette année, ici et ailleurs en Europe, pourraient donc causer encore bien des surprises.

Vous êtes ici : Sommaire > Die Debatte in Luxemburg > Wortmeldungen > Wilmes, Robert : Ni oui ni non ?