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Henckes, Nicolas : Oui ou non : est-ce la vraie question ?

Le débat autour du référendum sur le traité constitutionnel prend de l’ampleur. Certains tentent même le « oui, mais » ou le « non, mais », ce qui est une tromperie et ne facilite guère la compréhension des enjeux. Chaque camp simplifie à sa manière un texte quelque peu aride, complexe et laissant la porte ouverte à toute une série d’interprétations. C’est un compromis et donc il contient un peu de tout : un peu plus de social, un peu plus de libéralisme. Il propose un peu plus d’Europe et c’est cela l’essentiel. Partisans du oui, devons-nous pour autant avoir peur du non ?

En 2006, sauf miracle, les Britanniques diront non. D’autres les précéderont peut-être. Qu’elle soit trop libérale ou pas assez, n’est probablement pas la question fondamentale qui les taraude. Un rejet signifierait cependant l’arrêt de mort. Il suffit qu’un seul Etat dise non pour que le projet parte au pilon. Alors pourquoi toute cette agitation politico-médiatique autour d’un texte mort-né ?

Certains Etats ont eu le bon sens de choisir la ratification parlementaire, rapide, efficace et indolore, les autres ont opté pour le référendum, très coûteux et périlleux d’un point de vue politique. En l’espèce, s’ajoute un autre coût : celui de l’information du public. On affirme, e.a., qu’il s’agit d’information civique européenne et que ce référendum est une bonne occasion de remédier à certaines lacunes dans les connaissances (ou seraient-ce les consciences ?) Notre chambre des députés y a vu l’occasion d’un débat national en dehors d’une échéance électorale nationale.

Reste qu’il s’agira d’une campagne relativement onéreuse pour une stratégie politique aux résultats aléatoires. Si les citoyens ont, in fine, le sentiment de l’inutilité, voire de l’absurdité de cette gesticulation politique, ils risquent de se lasser définitivement de la question européenne, ce qui ne ferait qu’aggraver le sentiment existant d’un déficit démocratique.

Ceci dit, les gouvernements ayant choisi la voie du référendum ne sont pourtant pas aveugles, connaissant l’euroscepticisme prononcé des Britanniques (et d’autres). La possibilité que le texte n’entre jamais en vigueur a toujours été bien réelle. Il y a donc forcément un « plan B ». La presse internationale l’a déjà évoqué. Il serait discuté en coulisses par l’Allemagne, la France et les pays du Benelux. L’objectif serait un noyau dur européen qui avancerait sans attendre les autres. Vaut-il mieux une constitution pour tous ou une Europe en cercles concentriques ? Peu importe, pourvu qu’on avance, car c’est la seule route de progrès. Le référendum pourrait donc être considéré comme l’opportunité de préparer, par un débat national sur l’Europe, les citoyens du futur noyau dur.

Vu sous cet angle, l’attitude de la fraction minoritaire et hostile du parti socialiste français apparaît moins comme un suicide politique. Un calcul politique est possible. Si la France dit non, ils gagnent, évidemment. Si la France dit oui, mais que la Grande-Bretagne dit non, ils ne se retrouveront pas hors-jeu, puisqu’il faudra construire un autre projet européen et qu’ils y auront déjà travaillé.

Tout compte fait, une réponse négative pourrait donc avoir des effets bénéfiques considérables. Elle permettait, tel un coup d’éperon, d’accélérer le mouvement d’intégration en légitimant le fait que des meneurs émergent et soient autorisés à lâcher les boulets qui les handicapent. La constitution, à tendance fédérale, serait remplacée par un processus d’union renforcée. Ceux qui prônent le non dans un esprit eurosceptique ne servent donc pas forcément leurs intérêts avoués et pourraient nuire à leur combat d’arrière-garde. Cela vaut peut-être le risque de désabuser le citoyen et de le dilapider les deniers publics pour un référendum sans objet.

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