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Gengler, Claude : Ce qui me dérange...

L’Europe a décidé de se doter d’une Constitution. Enfin, ce sont plutôt nos dirigeants politiques, ceux qui nous gouvernent, qui en ont décidé ainsi. Ils avaient, pour cela, opté pour une méthode de travail nouvelle, la Convention européenne, sans doute pour éviter les critiques du genre : vous, là haut, vous faites de toute façon ce que vous voulez. La Convention a finalement accouché non pas d’une souris, mais d’un éléphant, sous forme du Traité établissant une Constitution pour l’Europe sur lequel les citoyens de l’Union devront maintenant se prononcer, directement ou indirectement.

J’ai décidé de voter « oui » le 10 juillet prochain. Mais mon vote sera beaucoup plus un oui pour l’Europe et l’idée humaniste qui se cache derrière le projet européen qu’un oui pour le pavé qui nous est proposé. Il y a en effet pas mal d’aspects qui me dérangent en rapport avec le traité et, plus encore, le cirque politico-médiatique auquel nous avons droit depuis des mois :

On nous parle d’une Constitution pour l’Europe. Or, il s’agit d’un amalgame de textes, composé de quatre parties, dont certaines (I, II et IV) ont un caractère constitutionnel et d’autres (III) une dimension politico-législative.

Pour entrer en vigueur, le traité devra être ratifié par tous les Etats membres. Si la ligne d’arrivée est donc la même pour tous, les chemins qui nous y conduiront sont différents. Il y a ceux qui ont opté pour la voie (royale ?) du référendum et ceux qui misent sur la (seule) voie parlementaire. Vous avez dit Europe unie, peuple unique ? Même ceux qui ont choisi de consulter le peuple, n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une seule et même date. Décidément, l’Europe reste un continent très compliqué...

On nous dit que le traité est un « pas décisif vers une Europe plus démocratique, plus transparente, plus efficace et plus proche des citoyens », bref : qu’il annonce une Europe nouvelle. Je trouve qu’un texte aussi important aurait dû être moins long, moins lourd, moins indigeste. Comment veut-on lancer un débat public sérieux sur un texte qui se compose de plus de 400 articles et couvrant plusieurs centaines de pages ?

Depuis des mois, les camps des « oui » et des « non » se livrent des combats acharnés. Pour les uns, le oui tellement attendu renforcera la démocratie européenne, apportera de réelles avancées sociales, augmentera le poids de l’Union sur l’échiquier mondial. Pour les autres, vous l’aurez deviné, c’est tout le contraire ! Qui a raison, qui a tort ? Vérités et contrevérités s’entrechoquent. Heureux ceux qui y voient clair.

L’instrumentalisation du vote et la déformation du débat préréférendaire gênent beaucoup. Non, ceux qui voteront « non » ne se prononceront pas automatiquent contre Chirac, Juncker et les autres. De grâce, Messieurs les hauts responsables politiques, évitez vos chantages et autres dérapages. Ne pratiquez pas ce jeu dangereux qui consiste à nous dire que nous n’avons pas le choix, alors qu’une idée clé du système démocratique est justement de pouvoir choisir librement entre idées, programmes, partis politiques et, parfois même s’il le faut, entre un « oui » et un « non ». Nous avons absolument besoin de cette « Constitution » nous dit-on. Mais ce que l’on oublie souvent de nous expliquer, c’est pourquoi nous en avons besoin. Est-ce que ce texte répond vraiment à tous les défis de l’Europe de demain ? Probablement non. Il ne faut donc pas miser que sur ce texte. Osons espérer que ceux qui seront amenés à l’appliquer et à mettre en musique en particulier sa partie III, qui s’intéresse aux politiques et au fonctionnement de l’Union, agiront en hommes et femmes responsables.

Il faut voter « oui », car il s’agit probablement du meilleur texte que nous pourrons avoir, à ce stade. Comme disait un de mes anciens professeurs, de retour d’une de ses nombreuses missions à l’étranger : on peut vivre sans, mais on vit mieux avec.

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